Et s' il pouvait parler ...
Je te ressens tout autour de moi. Ici tout est obscur, pourtant je suis serein, je n’ai aucune peur puisque tu es là. Le balancement sourd de ton coeur m'apaise, le rythme lent de ton souffle m'emporte, me soulage.
J’entends le murmure lointain de ta voix si mélodieuse, si tendre, si aimante. Tu me parles beaucoup même si je ne peux pas te répondre, même si je ne saisis pas réellement le sens de tes mots. Non, je ne les comprends pas mais j’en perçois la saveur, la douceur, la délicatesse, la patience. Parfois tu me chantonnes quelques airs harmonieux, malgré toi, des airs que je ne connais pas mais ils sont si beaux, si exquis, si envoûtant soufflés entre tes lèvres.
Non s’il te plaît, ne t’arrête pas, continue de fredonner ce couplet pour moi !
Souvent la caresse de tes doigts frôle mon échine, mes membres, mon visage aussi, au travers de ta propre chair. J’aime tant quand tu m’effleures ainsi, me cajoles, me câlines. Parfois ces mains à lui s’attardent avec tendresse sur ta peau et m’enjôlent avec délice, m’étourdissent de bonheur, de leur caresse. Leur contact m’est si doux même au travers de toi...
Il est si bon de demeurer ainsi au creux de toi, de n’être qu’à toi et de bien égoïstement songer que tu n’es qu’à moi. Il est si agréable de sentir la chaleur de ton corps irradié sur mon être encore si fragile, de sentir les bras invisibles et protecteurs de ton Amour me bercer.
Ah, je suis si bien en ton sein !
Pourtant ; je sais que bientôt une lueur teintera mon obscurité, que des sons y pénètreront, que tu te contracteras pour m’approcher lentement de cet éclat si vif et que je pousserai mon premier cri dans cette luminescence éblouissante.
Je suis tiraillé entre ce désir de rester ainsi éternellement au creux de toi, même si je sais cela impossible, et mon souhait de enfin pouvoir t’admirer de mes yeux nouveaux nés.
Tiens ? La lueur…
Encore un peu de patience, ma chère et tendre Maman, dans quelques instants, je serai auprès de toi…
Dédié à A... avec tous mes voeux de Bonheur...