Un soir toujorus dans le RER A....
Je
vous ai rencontré hier soir dans le RER A en direction de
Poissy. Il était aux environs de 17h00. Vous êtes monté
– il me semble – en station Auber. J’étais assis sur un
des strapontins juste au côté es portes. Je vous ai
aperçu sur le quai et vous ai suivi du regard lorsque vous
êtes montée jusqu’à votre disparition sur un
des sièges derrière moi. A la station de La Défense,
la place face à vous s’est libérée. Je m’y
suis précipité. Je crois même vous avoir quelque
peu bousculée – pardonnez moi! Enfin ai-je pu vous
contempler librement ou presque. Votre visage était
magnifique, cerné par de longues boucles brunes retombant sur
vos épaules. Votre teint mat accentuait l’éclat
noisette mêlé d’or de votre regard. Un court gilet aux
couleurs sombres tendant vers un gris anthracite, peut être
également orné de quelques motifs (ma mémoire me
fait malheureusement défaut... Pardon) enserrait votre taille,
noué sur votre poitrine, sur un haut noir épousant les
courbes de votre silhouette et le galbe de vos seins. Entre vos
mains, vous aviez replié une large enveloppe, tâchant
semblait-il de dissimuler les inscriptions qui y étaient
apportées. Mais elle vous a échappé des mains.
Vous l ‘avez promptement rattrapée, pourtant ai-je pu lire
quelques mots: (Centre de Santé Haussmann” et
“échographie”... J’ai souri, détournant le regard
sur le reflet de votre visage se dessinant dans la vitre sombre vous
bordant.
Alors ai je eu envie de vous demander: “J’espère que c’est une bonne nouvelle...”en désignant l'enveloppe. Mais je me suis ravisé: peut être n'état ce justement là pas une bonne nouvelle... Qui serais je pour risquer d'aviver une blessure douloureuse?
Alors, j'ai épié votre regard, discrètement, mon esprit cheminant de ton visage charmant à son reflet, afin de peut être parvenir à puiser dans ses profondeurs de bronze une émotion, une étincelle joyeuse ou un voile de tristesse.
Puis ce reflet a lentement disparu, comme absorbé par à la lueur de jour.
Vous regardiez le paysage, amalgame de béton et d'acier s'élevant non loin des bordures du ballast.
Mais alors que je recherchais de la joie ou inversement de la souffrance dans votre regard, j'y ai décélé tout autre chose: de l'amour, cette étincelle que peut avoir une mère en admirant avec tendresse et fierté son nourisson qu'elle berce doucement en chantonnant une contine.
Et j'ai compris...
Cette enveloppe entre vos doigts recélait sans nulle doute une information heureuse mais nullement cette première nouvelle qui aurait pu engendrer des larmes de joie.
Mais tandis qu'un sourire sur les légers lèvres, mes réflexions me menaient au loin sur les rives de la Seine, je n'ai pris conscience que votre attention s'était porté sur moi... Un instant, nos regards se sont croisés, se sont mêlés. Je me suis trouvé stupidement suffoqué, hébété. Il semble que mon trouble confus ait enflammé mon visage, empourpré mes pommettes alors que vous restiez imperturbable, avec un fin sourire délicat . Finalement, vous vous êtez détournée, peut être gênée également, dans votre contemplation es paysages maintenant boisés. Je n'ai cessé de vous contempler, d'épier chacun de vos gestes, chaque ondulation de vos mèches brunes, chaque souffle s'échappant de vos lèvres rosées, dans l'espoir de rencontrer à nouveau votre regard.
Puis le RER est arrivé en approche de Houilles Carrière sur Seine. Vous vous êtes levée sans un mot, sans un regard et vous vous êtes évanouie, bien malgré moi, dans ce flot d'âmes se déversant sur le quai...