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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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26 juillet 2004

"Araignée du matin, chagrin..." (version II)

Ce matin, il n'y a d'araignée qu' au fond de mon crâne ,aux tréfonds de mon esprit; petit arachnide sombre qui tisse sa toile argentée dans mon âme, emprisonne ma Raison dans son sanctuaire de filins. Elle se balance de fil en fil, les accrochant de ses quatre paires de pattes à la dextérité infinie, avec une souple agilité et un équilibre inébranlable. Elle approche de mon être, avec un appétit féroce, ses mandibules salivantes, prêtes à dévorer le peu de cohérence mentale, d'entendement raisonnable et de conscience lucide, qui peuvent encore demeurer dans cette amas de matières cervicales - inutilisées pour une trop importante partie - , jouant presque exclusivement le rôle de contre-poids physique de mon corps, en ce bas monde. Cette douce folie progresse chaque jour, s'insinue en moi, se propage tel une tumeur maligne, invisible et impalpable, déploie ses ramifications tel un rosier grimpant, lacérant mes chairs et mon cœur de ses épines, florissant en d'innombrables pétales roses chairs à reflets abricots et flétrissant quasiment immédiatement en un obscur et profond désespoir. 

Un chagrin irraisonné m'envahit. Je ne sais pourquoi. Je ne sais où cela peut me mener. Il m'inflige des souvenirs que je croyais depuis longtemps enfouis dans un recoin reculé et oublié de ma mémoire si faillible, il extirpe une multitudes de regrets et de remords que je ne désirais pour rien au monde voir ressurgir, il affiche, devant mon regard clos, des images de pure mélancolie que la douleur avait confinées au fond d'une apaisante amnésie salutaire et provoquée.

Et, j'admire amèrement le visage de cette jeune femme que j'ai passionnément aimée et que, je crois, je n'ai jamais réellement cessé d'aimé... Je considère ce souvenir avec un cruel plaisir, dans une euphorique détresse, que je m'inflige: sa longue chevelure à la noirceur de nuit, retombant sur ses épaules à demi nues dans une cascade de mèches souples et raides; son regard brun souligné d'un épais trait de crayon sombre, un peu à la manière de ces antiques reines d'Egypte; sa peau pâle aux reflets satinés et la douceur veloutée que j'aurais tant désiré caresser chastement; ses lèvres rosées, gracieuses et savoureuses, pincées en une moue mélancolique, trahissant les émois de son âme, qu'elle tentait désespérément de cacher aux yeux du monde (Mais, je les ai toujours ressentis, son regard ne trompait pas...); sa divine silhouette drapée de ténèbres, envoûtante de sensualité, qui me charmait à chacun de ses gestes lents, de ses langoureux mouvements, annihilant mon libre arbitre dans un profond désespoir ensorcelé, dès que je posais mon regard sur elle. J'aurais damné mon âme pour elle. J'aurais sacrifié ma Raison pour elle. J'aurais souffert de milles maux atroces pour apaiser cette tristesse qui semblait tant la torturer, pour éluder ce voile de mélancolie qui assombrissait son regard. J'aurais pu mourir pour lui permettre de vivre heureuse en ce bas monde. 

 Mais que pouvais je faire face à une personne que je chéris tant, que j'aime avec tant de passion, à qui je voue une sombre et dévouée idolâtrie, qui m'inhume, bien malgré elle, dans une ténébreuse et démente obsession mais qui ne semble pas même avoir conscience de mon existence? 

La réponse la plus censée est bien avidement de lui avouer ce que je pouvais ressentir...  Mais, je n'ai pas eu ce courage, du moins, pas à temps...   Ma lâcheté limitait mes actes à quelques bribes de déclarations griffonnées sur un feuillet et abandonnées là où elle pouvait aisément les trouver et ce anonymement bien évidemment...  Avait elle percé le secret de ses missives enflammées? Je ne le saurai jamais...  Pour me consoler de cette veule inertie, je tentais inexorablement de me convaincre que le moment était mal choisi et que si le sort du Destin devait, dans une lancinante torture, éloignée, l'être de toutes mes convoitises, de mon Existence, alors, seulement, j' agirais!  Bien évidemment, un sombre jour d'automne, cet événement tant redouté est survenu...  Et, bien évidemment, je ne pus me résoudre à agir...  Je ne pus l'aborder dans ce scénario qui semblait, pourtant, si bien orchestré, dans mon esprit.   Je ne pus, dans un accès de couardise, que lui écrire une longue lettre (signée celle ci...) lui révélant mes sentiments la concernant, mon courage se bornant  à lui remettre, en main propre, cette missive cachetée et à fuire, ensuite, sans un mot.  Je ne lui ai jamais parlé, par la suite...  Je n'ai jamais eu aucune réponse à ma déclaration et, en un sens, il en est mieux ainsi... 

Je préfère vivre dans l'espoir que, peut être, nous aurions pu connaître une passion immense, magnifique, qui nous aurait consumés tout deux dans de longues étreintes charnelles, plutôt que ressentir triste désarroi d'un refus, d'un rejet, d'une dénégation de mon Amour pour elle...

Mieux vaut vivre dans l'espoir d'être aimé que dans la connaissance de ne pas l'être!

 

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  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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