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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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8 septembre 2004

Full Metal Jacket *

* Chair à canons

Une neige légère virevolte au dessus de moi, les flocons entament une danse langoureuse, rythmée au gré du vent, dans une mélodie silencieuse à mon oreille, que seule la Nature semble percevoir. Les cristaux de glace volent en harmonie, se croisent dans une mélopée douce ou tourbillonnent dans une sourde frénésie, avant de se déposer délicatement sur mon visage.

Aux ordres d’assaut, je jaillis de ma tranchée, baïonnette acérée au canon, rugissant d’un cri rauque et bestial, fondant sur l’ennemi avec toute la rage et la haine, que cette guerre peut provoquer en moi. Pourtant, l’être qui succombe sous mes coups, dans une mare de sang, est tout comme moi: asservi aux ambitions démagogiques de conquête de son souverain. Il ne m’a rien fait, directement. Malgré cela, je m’acharne sur lui avec une violence sanguinaire, le lacérant inlassablement de mon arme, jusqu’ à voir apparaître ses entrailles. Lui aurait eu un comportement identique, tout aussi sauvage et brutal, s’il avait frappé le premier... Sans le moindre état d’âme, je continue ma course effrénée et meurtrière, au travers de ce champ de bataille, parsemé de corps agonisants ou déjà inertes. Détonations, explosions, lamentations tonitruantes, cri de furies... Tout ceci me cerne, est mon quotidien depuis trop longtemps. Je me ferme à ces visions d’horreur, je me rends sourd, aveugle, j’ère dans une épaisse brume teintée de pourpre, tuant tout être surgissant au travers de ma progression, et ce avec un seul objectif: survivre!

Une nouvelle déflagration, un nouvel hurlement... Mais cette fois ci, ce cri a jailli de ma gorge. Cette fois ci, c’est mon corps qui s’écroule, criblé d’éclats d’obus, secoué d’un long gémissement de souffrance.

Je gis à même le sol, dans cette boue ocre où je ne peux même plus distingué mon sang de la terre... Mon sang!

Un éclair aveuglant suivi d’un éclat assourdissant... Et ces cris d’un homme frappé par un projectile, qui n’a pas eu la chance de mourir sur le coup, tout comme moi...

Je sens une emprise glaciale s’installer en moi, se propager dans mes membres, dans mes muscles, au point d’annihiler toute sensation, toute douleur. Mon souffle est saccadé, je ne parviens plus à emplir mes poumons d’air. Un bourdonnement incessant gonfle dans mon crâne, un voile opaque s’est déposé sur mon regard. Je distingue pourtant encore ces cristaux de neige qui scintillent au dessus de moi. Plus rapides, plus nombreux, ils s’accolent, fusionnent, se fondent entre eux, afin de tapisser cette hécatombe de leur pureté immaculée.

Je ne peux bouger. Je ne veux bouger... A quoi bon? Si mon heure est proche, autant la laisser venir sereinement, sans la brusquer. De quelle utilité pourrais je être pour ma femme, mes enfants, mes parents, si je suis estropié, amputé, ou paralysé ? Quelle pourrait être mon existence, mon avenir, avec ces images d’horreur enfouies au tréfond de mes souvenirs? Pourrais je éviter la démence? Non, bien sûr...

L’Ange des Ténèbres guette! Je sens son parfum glacial m’envelopper, je sens son linceul sombre me frôler...

Ô Lucifer, Maître des Enfers, prépare Toi à accueillir, en Ton Royaume, une nouvelle âme damnée qui a servi Ton Oeuvre, fidèlement, de toutes ses forces, jusqu’ au dernier souffle!

Une haute silhouette sombre, floue, se dresse face à moi et se penche sur mon corps déjà vidé de son sang. Je distingue la forme sphérique de son casque, j’aperçois les insignes dorés de son uniforme, je reconnais le cliquetis sec de son arme.

Nouvelle déflagration...

Aucun cri...

Merci...

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Commentaires
H
cher darth seethus, pourrais tu me contacter ?
D
blablabla,<br /> <br /> Arretez de vous plaindre pour si peu, à vous lire on a l'impression qu'une personne est morte ou va mourir. <br /> <br /> Je pense qu'il y a des sujets bien plus important que cela. <br /> <br /> Hanène passe à autre chose et concentre toi sur ce qui est important dans la vie
D
Je ne connais, ni ne veux connaître les raisons de ce comportement (si réel, il est). Qui plus est, je ne désire pas que ce blog soit le lieu de querelles, joutes verbales et toutes sortes de conflits avec lesquels je n'ai aucun lien.<br /> Cependant, je dois bien avouer que le commentaire laissé a attiser mon intérêt.<br /> Aussi j'invite cette personne, si ses mots étaient sincères, a se manifester ici sous sa "véritable" identité et l'insite vivement à régler ses éventuelles querelles directement avec la personne intéressée.
D
Avaeren: Je te remercie pour de tels mots et suis assez touché que mes textes aient pu te plaire...<br /> <br /> Juste une simple question: Pourquoi conjuguer tes paroles au féminin? N'aurais tu décélé qu'un esprit féminin dans mes mots? Je serais bienheureux d'avoir un tel esprit mais ce n'est pas le cas...
T
^o^ quel texte, quel misere, quel souffrance... mon dieu que je n'aimerai pas la connaitre.. incroyable tes mots.. incroyable leur force.. terrible sentiment.. qui me rend heureuse de ne pas vivre en guerre...
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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