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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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20 avril 2005

Une brèche dans notre monde...

Sur une note postée par Facettes "écrire un texte d'aprés une image"

t_pern

Et le monde a cessé de tourner…

Les peuples s’inquiètent, les voix s’élèvent, l’angoisse pénètre chaque être en ce monde.  On interroge, on cherche, on tente de s’informer mais personne ne sait. Les scientifiques discutent, débattent, ergotent et se perdent en hypothèses. Les religieux s’égarent en versets, en latinisme et  en  prières. Les philosophes pensent, raisonnent, méditent, clos dans leur profonde et muette sagesse. Les prédicateurs tonnent sur des châtiments derniers à grands renforts de gestuelles théâtrales et  d’émotions feintes, suivi par une foule bigarrée d’âme effrayée.

Les médias sont également présents bien sûr… Les envoyés spéciaux s’affairent, préparent leur intervention dans les éditions spéciales suivant l’événement sur le vif. Et les témoins affluent : ceux qui ont tout vu, ceux qui ont tout entendu, ceux qui n’ont rien vu ni entendu mais qui peuvent en dire beaucoup. Et on interroge les scientifiques ; on improvisent des débats entre religieux, philosophes et politiques ; on s’élance dans des prévisions, on envisage l’avenir…  On parle beaucoup, on questionne encore d’avantage mais on répond peu !

Un seul constat prévaut : cette faille qui lézarde au travers de notre planète, fend chaque hémisphère, chaque continent ; cette brèche vers les entrailles de la Terre, dans laquelle se déversent chaque océan, chaque mer, chaque cours d’eau ; cette entaille dans l’écorce terrestre qui engloutit tous les massifs, toutes les forêts, tous les plateaux, toutes les prairies ; cette abîme vers le néant, vers le chaos, vers les enfers peut être ?

Personne n’ose approcher, personne n’ose observer.

On se lance des défis rigolards sur celui qui aura la témérité d’y aller ; on mise sur la courage de son voisin qui a plus de compétences pour une telle approche, en prenant soin de cacher sa propre couardise ; on émet des suggestions sur la nécessité d’effectuer des  constatations auprès de la faille, elle même, sans que personne ne se décide à agir.

Les heures passent, le temps s’écoule inexorablement, aux jours succèdent les nuits mais les Hommes restent prostrés dans leur immobilisme, dans leur mutisme. L’Humanité, un colosse méprisable aux pieds encrés dans sa propre lâcheté…

Et la faille s’élargit et la brèche engouffre à chaque instant un peu plus de ce monde tandis que l’humanité reste inerte.

Mais une jeune femme, lassée par les discussions stériles qui la cernent, décide d’agir… 

Elle veut voir, elle veut savoir. Elle ne peut rester là, un instant de plus, à attendre des réponses qui tardent et peut être ne seront jamais. Si personne n’agit, elle, elle saura…

Elle fend l’attroupement devenu soudain silencieux et stupéfait pas son aplomb et par son courage. Elle s’éloigne lentement de leur lâcheté sans leur jeter le moindre regard, toute son attention emplie de curiosité dirigée vers cette brèche qui taillade le sol  face à elle.

Elle se plante sur la rive de ce fleuve fendu par cette faille en deux parts parfaitement symétriques, son cours échouant en un flot infini dans le gouffre béant.

Elle se penche mais ne parvient pas à voir…

Auprès d’elle se dresse une roche étrange, formant un arc au dessus du fleuve, telle une arcade voûtée dominant son lit. Elle s’y accroche de ses doigts fins, mues par une force subite et se hisse sur le haut de l’arc boutant avant de se pencher une seconde fois.

Et elle se trouve juste au dessus de la brèche, juste au dessus de l’inconnu.

La foute l’observe, stupéfaite et  effarée, un brouhaha s’élève à nouveau, des mains se dressent. L’attroupement remue tel une vague humaine mais, pourtant, hésite encore et reste figé.

La jeune femme se relève et lance un bref sourire à la foule, un éclat mêlant satisfaction et dédain à l’égard de celle ci, au coin du regard.

Désormais elle voit, désormais elle sait…  Et elle pense : « si vous voyiez également, si vous saviez tout comme moi… » Mais elle se taît. A quoi bon leur dire ? Méritent ils de savoir ? Et s’ils désiraient tant savoir, ne pouvaient ils pas également voir par eux même ?

Soudain l’arc de roche vibre, s’effrite, le sol à sa base se dérobe. La brèche s’étend inexorablement, lentement, entraînant la Terre en son sein.

L’observatoire de la jeune femme s’effondre brusquement, l’emportant dans sa chute sous la clameur paniquée de la foule. Pourtant elle reste sereine et muette.

Peu importe, elle sait, elle a vu…

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Commentaires
F
coucou toi
L
si différents oui, mais avec une fin semblable.
F
mais pourquoi ne pas faire comme nous en avions l'habitude <br /> <br /> écrit qui veut <br /> <br /> voilà une histoire bien différente mais troublante elle aussi <br /> <br /> merci pour le plaisir d'écrire et celui de lire <br /> <br /> bisous
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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