Mort dans l'oeuf...
Mon crâne compresse mon âme dans un étau d’acier incommensurable, la parcourt d’une douleur lancinante. Envie de fermer les yeux, de devenir sourd à ce bruit ambiant, à ces voix, à ces pas, même à cette mélodie qui s’extrait des haut parleurs de mon PC… Je veux la sérénité d’un silence, le calme d’une étendue d’eau où je pourrais laisser mon corps virevolter loin de cet univers qui m’entoure, loin de cet apesanteur qui me pèse, de ce mutisme qui me paralyse, des ces pensées qui m’assaillent…
J’ai peu dormi, j’ai mal dormi… Le sol carrelé de ma cuisine m’a meurtri le dos… Non, je n’ai pas choisi un mode de vie de samouraï, j’ai seulement essuyé les plâtres après une discussion quelque peu virulente avec ma douce. Dispute stupide qui aurait pu ne jamais être si j’avais reconnu mes torts, mais je me suis entêté, je me suis énervé, non pas contre elle mais contre moi, contre mon incapacité à reconnaître l’évidence, à évoluer, à être différent. J’aurais dû la convaincre de me suivre dans mes idées de famille, elle me l’avait demandé, ne pouvant trouver en elle cette flamme qui était mienne. Mais je n’ai rien fait, je n’ai rien dit : pour moi je ne pouvais la convaincre, il fallait qu’elle trouve en elle, au plus profond de son cœur, de son âme, de son être, l’envie de fonder un foyer. Et la situation s’est inversé : c’est elle qui m’a convaincu… Elle me disait que je n’en étais pas capable, que mon comportement actuel en était une preuve pour elle bien assez convaincante. Et je sais tout cela mais je me voilais la face : j’espérais que cette rigueur, quoi qu’empreinte d’une juste souplesse, et cette force, quoi qu’empreinte d’une certaine tendresse, nécessaire à un père pouvait apparaître par la suite, durant ces longs mois précédents naissance… Mais je me leurrais, je ne pouvais engager un tel pari sur la tête de mon propre enfant. Et si je n’y parvenais pas qu’en serait il de lui ?
Non, il me faut reconnaître que je ne suis pas prêt à être père. Manque de rigueur, de maturité, de réactions adultes, de sérieux, voire de communication.
Et ce désir est mort dans l’œuf… Sûrement ressuscitera t’il un jour, mais pour le moment, il est placé en suspens, même si l’envie est toujours lancinante au fond de moi…
Il est temps de rejoindre mon antre douillette. J’angoisse… J’appréhende son silence lorsque j’entrerai dans l’appartement, son visage fermé lorsque j’approcherai d’elle et ses mots secs lorsque je lui soufflerai « je t’aime ».
M’aura t’elle pardonné ? Je l’espère…
------DECONNEXION------