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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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6 juin 2005

Pour quelques cerises de trop...

Norman James suivait l’équipe de médecine légale jusque sur les lieux  du crime.

Il pénétra dans la demeure, présentant son badge à l’agent de faction. Ce n’était rien de plus qu’une cabane sur pilotis, dans le style de toutes ces cabanes de pêcheur ancestrales qui s’érigeaient sur les rives du lac de Mainscreek.  Elle comportait une seule et unique pièce, dénuée de la moindre fioriture, où trônait, dans un angle, un vieux poêle à bois en fonte dont il était certain que l’on n’en trouvait plus que dans des brocantes.

« Ca doit valoir une fortune ce truc… », songea James.

Face au poêle, une paillasse composée d’un simple matelas et d’une couverture élimée, gisait à  même le sol. Au centre de la pièce se dressait une table ronde, confectionnée de manière des plus artisanales, deux planches taillées maladroitement en demi cercle surmontant quatre pied miteux.  Une chaise était renversée au sol non loin du corps sur lequel s’affairait le médecin légiste, enchaînant prélèvements et clichés.

« Ah commissaire, fit une voix derrière James. Vous êtes là ! »

James se retourna vers son subalterne.

« Il a été découvert comme ça par des promeneurs, commença celui ci sans qu’aucune requête de James ne fut formulée. A  priori, il mangeait et il a dû être pris d’un malaise… »

En effet, James remarqua des couverts encore déposés sur la table et des débris de verre au sol, au milieu d’un amas de nourriture.

« Mais un simple malaise ne fait pas ça… »

Il écarta le médecin légiste pour laisser libre champs au regard de son supérieur.

James découvrit un cadavre totalement difforme, des plaques purulentes couvraient la totalité de son visage, ses yeux encore grands ouverts étaient injectés de sang au point que ses orbites revêtaient une teinte cramoisie, des lambeaux semblaient avoir été arraché et laissaient des plaies sanguinolentes sur son visages et sur tout son corps. Ses membres et son torse étaient couverts de lésions non encore coagulées et d’hématomes brunâtres.

Mais ce qui impressionna James fut ce faciès grimaçant,  défiguré par la douleur, crispé dans un hurlement silencieux.

« Nom de dieu, mais c’est quoi ça ? » souffla le commissaire.

-Un empoisonnement, sans doute. répondit distraitement le médecin légiste. Mais je ne parviens pas à déterminer à quoi… »

Le regard de James fut brusquement attiré par une forme étrange auprès d’un récipient brisé, sur le sol.

« C’est quoi ça ? lança t’il.

-Des noyaux de cerises monsieur, répondit son adjoint.

-Pardon ?

- Il semblerait que la victime ait mangé une quantité astronomique de cerises avant son décès… renchérit le médecin.

- Et ça a un quelconque rapport avec la mort ?

Le médecin haussa les épaules avec un air ignorant.

« Bon photographiez moi tout ça, faites des relevés d’empreintes dans toute la cabane, et des prélèvements de sang, salives, cheveux, poils pubiens, bref tout ce que vous pourrez trouver ici et on plie bagage. »

Tous les agents présents s’exécutèrent promptement.

Le soir venu, les rives du lac de Mainscreek avaient retrouvée leur sérénité et rien ne pouvait remémorer les remues ménages qui avaient duré toute l’après midi autours de la maisonnette sinon ces bandes jaunes interdisant l’accès  à toutes les issues de celle ci.


La mélodie stridente du téléphone portable de Norman James retentit.

Ce dernier fut surpris d’un appel si matinal mais prit tout de même la communication avec une voix vaseuses.

« Docteur Maroon médecin légiste… » fit son  interlocuteur.

- Oui docteur…

James n’avait déjà pas fermé l’œil de la nuit à cause de cette fichue affaire et maintenant il devait supporter les excès de zèle de ce médecin dès le petit matin. Il ne pouvait pas tout bonnement consigner toutes ses conclusions dans un rapport et le lui envoyer par fax comme à son habitude ?

«  J’ai passé la nuit à analyser les noyaux de cerises… »

Les noyaux de cerises ? N’avait il donc que ça à faire ?

« J ‘ai commis une erreur, monsieur, ce n’est pas un poison qui l’a tuée… C’est un virus mortel… »

James blêmit et crut défaillir.

« Un virus mortel… répéta t’il dans un bégaiement.

- Oui. Un virus développé par plusieurs laboratoires gouvernementaux pour produire des armes bactériologiques. Il est dix fois plus dévastateur que Ebola… Vous avez déjà entendu parler de l’épidémie d’Ebola au Zaïre ?

James acquiesça silencieusement comme si son interlocuteur pouvait apercevoir son hochement de tête.

«  Et on attrape ça comment ?

De lourdes gouttes de sueur perlaient sur son front, il eut un vertige et dus s’asseoir sur une chaise non loin de lui.

«  On ne l’attrape pas, on le contracte, rectifia le médecin. Il semblerait que pour le moment il ne puisse être contracter que par l’ingestion et qu’il ne soit pas volatile… »

James eut un long soupir de soulagement. Il n’y avait donc aucun risque qu’il ait contracté ce virus…

« En revanche, ce genre de virus est …comment dire… « programmer » pour muter dans un environnement défavorable. Et au cours de cette mutation, il peut très bien devenir volatile et donc pouvoir être contracter par simple inhalation… »

Mais James n’écoutait déjà plus le discours du médecin, se préoccupant d’avantage de la procédure à suivre dans ces cas là. Le FBI serait assurément saisi de cette affaire ainsi certainement que la CIA et la NSA. Peut être même assisterait il à un débarquement des cols blancs de la CDC accompagnés par les troupes militaires de la sécurité nationale.

Il tressaillit soudain. Ses réflexions procédurales s’évaporèrent d’un seul coup. Un long frisson d’angoisse parcourut son échine.

« Vous me dites que le virus était présent dans les cerises ? »

Il avait mangé des cerises pas plus tard qu’hier, ils les avaient achetées dans une épicerie à deux pas du commissariat…

« Oui ! Et les quantités étaient telles que l’ingestion de quelques cerises suffisaient à tuer tout homme, alors un récipient complet… »

James fut pris d’un violent vertige. Un bourdonnement assourdissant emplit son crâne, un voile sombre tomba sur son regard, tandis que peu à peu les sons autours de lui se mêlaient dans ou brouhaha insaisissable. Il sentit son téléphone portable s’échapper de ses doigts sans force.

Les derniers mots qu’il entendit avant d’être définitivement happé par les ténèbres, furent ceux de son subordonnée.

« Patron, nous savons où la victime d’hier a acheté ses cerises ! Et devinez quoi, c’est dans une épicerie juste au coin de la rue, à deux pas du  commissariat… »


NDLA: C'est juste un petit délire de la part de votre hôte suite à uen requête farfelue de A... Je ne suis pas même certain qu'elle m'ait cru capable de relever ce défi... ;-D

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Commentaires
N
pas mal,mais à notre époque,tout est possible,alors,un récit prenant;égal aux histoires qui semblent inventées mais que l'on entend au news,des histoires à faire frémir car les armes chimiques existent tout de même et sont employées aussi par des simples fous qui rêvent de conquérir le monde...<br /> Bravo quand même et à méditer sur le fond..;<br /> amitiés <br /> nadine
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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