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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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16 mai 2006

The Da Vinci Code selon Darth...

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Contestations religieuses au travers de la planète suite à la sortie sur les écrans du film de Ron Howard tiré du célèbre et très  controversé Da Vinci Code.

A mon grand étonnement, cette vague  touche la paisible capitale septimanienne. Manifestations contre cette œuvre dite « blasphématoire » provoquées par diverses organisations catholiques ; propos d’ecclésiastiques traditionalistes et fondamentalistes  (issu d’une fraternité sacerdotale excommuniée par le Vatican) tenant ce roman comme une œuvre clairement antichrétienne et une arme contre la foi catholique ; membres de l’Opus Dei réfutant la pratique de flagellation et du port du cilice ; discours  radicaux incitant  simplement à ne pas voir le film, d’autres plus posé, laissant le choix et enfin certains concluant que boycotter ce film revient à lui donner beaucoup trop d’importance et ne respecte pas la liberté de tout à chacun de choisir.

Je suis quelque peu surpris par l’ampleur de l’événement. Peut être car je ne suis moi même pas croyant (non athée mais peut être agnostique voire simplement sceptique…)

Sans remettre en cause les convictions de chacun, je ne vois pas l’intérêt de ce débat.

D’abord, j’estime que celui qui a la Foi, ne rejettera pas cette  Foi à cause d’un simple roman ou d’un quelconque film, quelque soit l’hypothèse qu’il avance. Inversement, celui qui n’a aucune croyance religieuse ne s’en trouvera pas moins croyant après avoir lu ou vu le Da Vinci Code. En outre, certains estiment que cette œuvre a « motivé ceux qui se rebellent contre l’autorité de  l’Eglise ». Mais de quoi parle t’on  ici, de Foi ou d’Eglise ? Avoir la Foi entraîne t’il inévitablement une adhésion ou  une soumission à telle ou telle Eglise ? Le croyant n’est il pas libre d’aimer, louer, prier et honorer son Dieu comme bon lui semble, tant que cela reste dans les préceptes de sa Foi ? A priori non…

Je souris quelque peu lorsque je lis certains religieux s’écriant  que des esprits faibles se feront une fausse idée de la réalité en voyant ce film… Mais quelle réalité ? Celle de la Bible ? Une simple croyance vieille de deux millénaires fondées sur les simples témoignages, certes écrits, de ceux qui ont vu, qui ont entendu, qui ont connu ?  Brown écrit que l’empereur Constantin aurait au IVème  siècle adopté, pour des raisons politiques, les quatre évangiles fondant la divinité du Christ et rejetée les autres (évangiles dites apocryphes) Un théologien s’insurge là contre l’erreur théologique en indiquant que ces évangiles ont été écrit au Ier siècle et que les quatre canoniques ont été retenue au IIème siècle, le Concile de Nicée (325) confirmant seulement cette doctrine de la divinité du Christ. Là je souris doublement… En quoi les allégations de ce théologien seraient elles plus véridiques et fondées que les propos de Brown ? Y’a t’il là une preuve incontestable, irréfragable ? Enfin un curé suggère que le film risque d’être dangereux pour des personnes qui ont une foi déstructurée. Soit… Et alors ? Nombreuses sont les personnes qui n’ont foi en aucune religion au travers le monde et cela ne les empêche pas de vivre pleinement leur existence. D’ailleurs qu’est ce qu’une foi « structurée » ? Une foi vécue selon les dogmes de l’Eglise catholique ? Encore une fois, il me semble que chacun est libre de vivre sa foi comme bon lui semble…

Dernier mot ; l’Eglise n’a pas à craindre cette œuvre pour sa survie, il existe contre Elle un danger bien plus grand : Elle est fondée sur une simple foi, une simple croyance qui peut en un instant être renversée pour une foi encore plus grande…

J’aimerai rappeler par ailleurs qu’il s’agit là d’un roman, ni plus ni moins qu’un roman.

Certes, Dan Brown se vante t’il que « toutes les descriptions de monuments, d’œuvres d’art, de documents et de rituels secrets sont avérés ».

Soit.

Mais lorsque Hugo écrivait « Notre Dame de Paris », les descriptions  de la cathédrale étaient elles aussi avérée, pourtant personne n’a jamais douté qu’il ne s’agissait que d’une « fiction » ou du moins un récit issu de l’imaginaire (si mes souvenirs sont bons, l’Eglise n’était de même pas épargnée dans ce roman). Lorsque Zola décrivait  les mines de houille et l’existence de ces ouvriers de la terre dans « Germinal », là encore ses descriptions étaient avérées, mais là encore, personne n’a argué qu’il s’agissait d’une réalité.

Oui, j’ai l’audace de comparer Hugo et Zola à Brown. Il est évident que  Brown n’a pas leur talent. Je dois même admettre que son talent littéraire me laisse quelque peu perplexe mais j’y reviendrai. Mon but est simplement de démontrer que des descriptions avérées n’engendrent pas forcément  une réalité historique s’étant déroulée effectivement.

Justement ce qui me captive dans mes lectures est cette facultés de faire naître d’une base réelle, d’un fondement historique (ou au moins quasi historique) une trame fictive si bien ficelée que le lecteur doute peu à peu de sa « fictivité ». C’est là le talent de l’écrivain, c’est là l’art du romancier. Et malgré les reproches que je puis faire à Brown, je dois admettre qu’il a excellé dans cette aptitude à provoquer le doute sur le caractère réel ou fictif de son propos.

Mais il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’un roman et l’accepter comme tel.

Mais revenons sur le talent de l’auteur…

J’ai aimé la trame de ce récit. Je dois avouer que j’aime ce qui touche à la Religion en remettant en cause ses dogmes ancestraux, ses traditions sclérosées, son inadaptation flagrante à l’évolution du monde actuel. J’avais déjà apprécié sur ce sujet le film de Jonas Mc Cord, Le Tombeau (relatant la découverte, à Jérusalem, d’une sépulture datant du Ier siècle…) Et j’ai été sur ce point conquis par le roman de Brown.

Toutefois, je n’ai guère aimé sa plume. Elle n’est selon moi pas assez imagée, métaphorique, elle manque en fait d’un réel style, les descriptions ne sont qu’une séquelle d’informations brutes que l’auteur semble avoir glaner ça et là et qu’il tenait à tout prix à intégrer dans son texte. Et là où il faudrait permettre au lecteur de pouvoir créer une figuration mentale précise de tel ou tel passage, il n’en est rien (par exemple tout ce qui touche à la « Cène » de Léonard De Vinci qui est tout de même l’œuvre clé de toute l’argumentation de Brown) Son style est réellement trop édulcoré, sans aucune saveur, sans aucune couleur, sans aucune mélodie. Brown est un universitaire qui se veut écrivain et cela se ressent.

D’ailleurs, durant une bonne part de ma lecture ai-je eu l’impression de me trouver au milieu d’un cours magistral sur l’histoire de l’art, d’un manuel sur la théologie, d’une thèse sur le « Féminin Sacré ». Certes, faut il expliquer tout cela au profane (ou inculte ?) que je suis, certes de ces explications dépend la compréhension de son raisonnement, de sa logique. Mais certainement y’avait il une autre forme à donner à ces explications. De plus, je l’ai parfois trouvée bien elliptique cette logique, tenant tel ou tel fait, principe ou événement pour acquis sans aucune déduction, sans relation de cause à effet. Brown affirme quelquefois plutôt qu’il ne démontre… C’est dommage ! Je n’ai pas réellement un esprit rigoureux et mathématique mais je reste tout de même très cartésien, j’aime quand les idées s’enchevêtrent et se succèdent comme dans un engrenage sans accroc, parfaitement synchronisé et fluide. Là, j’avais parfois l’impression qu’il manquait une poulie et que Brown actionnait manuellement telle ou telle pièce pour faire fonctionner son raisonnement. Petite déception mais ça n’enlève rien à la trame proprement dite…

Quoique le dénouement m’a laissé quelque peu sur ma soif… Plagiant les critiques cinéma de Voici ou tout autre magazine du genre, je dirais que le « suspense était télécommandé… » Dès le chapitre précédent, avais je présager l’épilogue. Je ne suis pourtant pas d’une sagacité exceptionnelle et hors du commun. Ainsi sur ce point, Brown a-t-il failli dans son récit… Nouvelle déception.

Ceci étant, je ne regrette pas cette lecture, j’ai aimé parcourir ces lignes à la recherche des symboles laissés par Da Vinci, Botticelli, Newton… J’ai aimé suivre les investigations de Robert Langdon et Sophie Neveu, j’ai aimé me pencher sur les poèmes de Saunières et leur décryptage… Tout ceci m’a tenu en haleine sans faiblir, sans défaillir jusqu’à l’ultime mot.

Alors, oui, malgré tout, j’ai aimé ce roman… Pourtant, je ne le tiendrai pas pour « pure vérité ».

J’ai vu un magazine, aujourd’hui, titrant « Da Vinci Code, info  ou intox ? »

Je retourne la question : La Bible, info ou intox ?

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Commentaires
C
"J’aimerai rappeler par ailleurs qu’il s’agit là d’un roman, ni plus ni moins qu’un roman." : voilà ce que je claironne à tous ceux (j'en ai de mes amis) qui s'insurgent contre ce roman! oui c'est un roman et il faut le prendre comme tel!!!<br /> <br /> Je partage, tu t'en doutes, ton analyse au sujet de ses talents d'auteur. Il n'a rien d'un Zola ou d'un Hugo mais côté intrigue, tout comme toi, je me suis aisément laissé prendre au jeu.
W
Je partage tout à fait ton analyse notament :" lle manque en fait d’un réel style, les descriptions ne sont qu’une séquelle d’informations brutes que l’auteur semble avoir glaner ça et là et qu’il tenait à tout prix à intégrer dans son texte. "<br /> Ca aurait gagné a être plus rapide plus condensé...<br /> Pas de génie litéraire et au total, tu as raison un style bien pauvre (mais je l'ai lu traduit )
"Mon dévidoir de l'âme"
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