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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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12 septembre 2006

Une jeune femme, dans un train, hier...

Je l'observe, discrètement, somnolant, bercé par la douce et mélancolique mélodie de « The Rose », sussurée par la voix doucereuse de Bette Midler, et le roulis incessant du wagon.

Je m'attarde quelque peu sur elle, évitant de croiser son regard, dissimulant toute mon attention derrière un voile songeur.

Pourtant, elle n'est pas de ces femmes qui me charment à l'ordinaire. Sa silhouette est trop élancée, trop mince, trop filiforme, ses hanches, trop étroites, ses courbes, pas assez voluptueuses, ses seins trop petits, quasiment inexistants. Son visage est trop émacié, ses lèvres trop étrécies et trop fines, son nez un peu trop anguleux. Sa chevelure brune est trop courte dans sa nuque, cette frange trop longue, écartée de chaque côté de son front.

Mais je ne peux cesser de l'épier. Je suis perdu dans la contemplation de son regard.

Ah, son regard!

Ses sourcils fins à l'angle exquis et parfait. Ses yeux comme esquissés en une demie amande sous de longs cils de jais. Son iris aux teintes uniques presque singulières aussi profonde que la nuit, envahissant dans son flot obscur sa pupille et la rendant imperceptible. Et cet éclat jaillissant de ces ténébres enchanteresses en un arc-en-ciel de vie, de joie, d'amour, de tendresse, de bonheur.

Je suis resté subjugué par l'intensité de ce regard, envoûté, ensorcelé, ignorant tout ces êtres gravitant autour de moi, annihilant presque le reste de son visage dans une brume de nuances colorées et floutées pour ne contempler que la lueur de ses yeux sombres.

Dans mes souvenirs, de cette vision, nul doute que je n'en conserverai nullement cette moue rêveuse lorsqu'elle s'attarde sur le paysage défilant, ni ce sourire amusé en lisant ce roman, ni ses doigts fins lissant machinalement une mèche de ses cheveux, ni cette main délicatement posée sur sa chair veloutée et pâle.

Non, rien de tout cela...

Seul son intense regard à l'éclat de nuit restera immortalisé aux tréfonds de mon âme.

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Commentaires
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C'est joli par ici
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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