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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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10 octobre 2006

COÏNCIDENCE...

sasmira_5



J'ai pensé à toi, hier, à la lueur fraîche d'une aurore déjà loin.

Juste une image furtive, fugitive; une impression subliminale de ton visage, de ton sourire, de ton regard sur ce voile d'habitude de ma vie.

Le cristal de ta voix, l'ocre de tes yeux, la nuit de ta longue chevelure, la saveur éthérée de tes lèvres n'ont jamais délaissé mon être, tapis aux tréfonds de mon âme. Réminiscence enfouie et latente, attendant son heure pour jaillir des abysses de mon esprit. Souvenir trouble, troublant, coupable, condamnable.

Et cette image a surgi, sans raisonet en toute déraison, sans crier gare et sans égard envers mon âme. Sorte de petit diablotin sautillant et dansant, au visage doux et angélique, s'extrayant de sa boîte de Pandore, nonchalant et insouciant des brisures de mon être peinant à s'estomper sous l'effet du Temps. Et ton charme, tout aussi palpable que si tu t'étais dressée face à moi, a attisé cette incandescence qui n'a jamais cessé de rougeoyer au creux de moi. Et cette brûlure à la fois douce et amère, joyeuse et pénible, a esquissé un sourire sur mes lèvres.

Pourtant rien ne pouvait présager ce soubresaut mémoriel. Aucune impulsion intrasèque, aucun stimulus externe ne semblait pouvoir prévenir cette survivance d'un désir passé que je n'ai jamais laissé s'éteindre.

Alors, j'ai eu ce désir presque saugrenu de te revoir, de te rencontrer aux hasards d'un détours de rue, de croiser ta beauté foudroyante ça ou là, dans ces lieux inadequats, où l'esprit se mure dans un dessein préçis presque obstiné.

Cette idée me semblait tout bonnement improbable, sinon impossible, tant les années s'étaient écoulées depuis la dernière fois, où je t'avais contempler, sans même que tu sembles en avoir conscience. Je n'étais pas même certain, que tu vivais encore dans cette cité, que tu n'avais pas semer les prémices d'une nouvelle vie, dans un autre lieu, loin d'ici, très loin... (trop loin)

Pourtant, une pensée, plutôt un espoir voilé, m'a saisi: et si tu devais apparaître devant moi dans toute ta magnificence, que ferais-je?

Puis les instants se sont écoulés, l'éclat solaire a engagé sa course récurrente au travers des cieux jusqu'à disparaître à l'horizon dans sa robe orangée, rosée puis violacée.

Peu à peu, ce songe matinal a été absorbé par ces habitudes quotidiennes tenaces, jusqu'à ne laisser qu'une trace diaphane dans mon esprit. Ton visage a délaissé ma conscience pour se réfugier dans les méandres de mon subconscient et peut être renaître dans mes rêves.

Mais, soudain, je t'ai aperçu, dans les travées bondées de ce grand magazin.

Simple coïncidence? J'aimerais y voir plus qu'une simple coïncidence mais ma Raison me l'interdit...

Tu m'es apparue dans une réalité si proche de cet onirisme qui a si longtemps coloré mes nuits que j'ai, le temps d'un souffle, cru à un rêve éveillé...

Mais ce n'était là aucunement une illusion, une erreur de mes sens malmenés par un espoir vain ou encore un dysfonctionnement neurologique ou psychotique ourdi par mon corps ou mon esprit fébriles.

Non cette vision n'avait rien d'irréel, de chimérique. Tu était face à moi, souriante, peut être insouciante, semblait il inconsciente de ma présence non loin.

En un instant fuyant, mon esprit a remonté les années, ces jours où j'admirais ta beauté sans relâche, disrètement, endolori par cet intérêt que j'espérais tant et que tu ne me portais pas.

Et de retour dans le Présent, je t'ai à nouveau admirée tel si tu n'avais jamais disparu de mon existence. J'ai caressé du regard le moindre grain du satiné de ta peau, je me suis perdu dans le moindre éclat de ton regard de jais mélant parfois ces étincelles dorées qui m'enivrait tant, je me suis laissé sombrer dans l'intensité de nuit de tes longues mèches retombant sur tes épaules en une cascade vibrant à chacun de tes gestes, je me suis laissé à imaginer mon baiser chaste effleurer tes lèvres rosées et goûter la saveur de ta bouche, la main invisible de mon âme a parcouru la moindre courbe de ta silhouette, le long de tes hanches, de la naissance de tes seins, de la finesse de ta nuque jusqu'à au velouté de ton visage.

Abandonné dans ma contemplation; envoûté par ta beauté, je n'ai que tardivement remarqué cette attention emplie d'une délicate tendresse que tu portais à cette fillette, haute comme trois pommes, ses mèches d'or sauvageonnes virevoltant dans sa démarche encore peu assurée. Tu as souri affectueusement tandis qu'elle se saisissait de ses petites mains maladroites deux boites de gâteaux sablés bien trop volumineuses pour elle. Elle a chancellé quelque peu en ta direction et tu lui as, du cristal de ta voix si douce, demandé de les reposer à leur emplacement. Elle s'est exécutée quoique avec une moue de déception.

J'ai souri.

Je crois que tu as étouffé un petit rire.

T'a-t'elle appelée « maman »?

Je n'en suis pas certain.

Pourtant, quelquechose au fond de moi me convaint qu'elle pourrait te nommer ainsi. Peut être ai je décelé cela dans ton regard, dans cette tendre affection qui émanait de toi, de ton sourire aimant que tu lui as adressé. Je ne sais.

Puis, une petite réminiscence m'a à nouveau frappé: lorsque je t'avais aperçue, quelques années auparavant, dans ce même magasin, j'avais observé ce ventre gonflé de vie, déjà visible, que tu arborais si fièrement et que tu caressais du bout des doigts avec un réel attendrissement.

Et je sais à quel point tu aimes les enfants. J'avais déjà perçu, lorsque je t'avais cotoyée dans un cadre purement professionnel (à mon grand damme!), cette étincelle aux confinements d'un amour maternel à chaque instant où ton regard se posait sur un bambin. Peut être aussi y décélais je une infime nuance de tristesse, d'une amère envie, que je n'ai plus distinguer hier.

Et qu'ai je fait ainsi face à toi?

Rien....

Je suis resté immobile silencieux, non loin de toi, espérant de toute mon âme devenir invisible à ton regard. Et il semblerait que j'ai été exhaussé...

Je n'ai pu m'approcher d'un pas gêné, t'adresser un sourire troublé, confus, presque honteux, te murmuer timidement quelques mots inintéressants et médiocres, quelques phrases à la fadeur insipide.

Mais je n'ai pu esquisser le moindre geste, prononcer la moindre parole. Je suis demeuré inerte, pétrifié dans le marbre de ma lâcheté, de ma peur, de ma honte.

Puis tu as disparu...

Sans un regard? Je ne sais pas réellement. Je n'ai pas osé affronter ton déhanchement lorsque tu es passée, précédée de cette fillette aux boucles d'or. J'ai seulement pu me délecter de ce parfum aux senteurs vanillées, qui avait tant de fois envoûté mes sens tant de fois auparavant.

Et je me suis trouvé seul, muet, encore une fois, avec ces images au fonds de mon âme, lesquelles jamais ne s'étioleront avec les années.

Je le sais, je l'accepte...


Source image: "Sasmira" de Laurent Vicomte

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Commentaires
D
Malheureusement non... Et à mon grand damme!<br /> J'aimerais avoir autant de talent (si toutefois un quelconque talent, j'ai...) mais la seule chose dont je sois capable, c'est de faire ça:http://darthseethus.canalblog.com/archives/2004/07/16/62928.html<br /> <br /> Infiniment navré pour la déception... :-(
M
Oh, je croyais que c'était toi qui dessinais.
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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