Le temps d'une plaidoirie...
Elle est là devant moi comme enfantée des Cieux
Douce apparition aux gestes lents et harmonieux
Je reste là en émoi enivré par l'éclat de sa prosodie
Légère ondulation cristaline Pure et divine litanie
Son plaidoyer est incisif ses sentences acerbes
Le prétoire magistral plie sous le joug de son verbe
Elle argue Elle objecte Elle allègue Elle proteste
Sa sihouette comme virevoltante sous son pas leste
Voilée de cette sombre étoffe vaporeuse et auréolante
Son regard de nuit appuie ses déclamations éminentes
Parcourt son auditoire pris d'une assurée conviction
Et consumme mon âme éperdue d'une incensée passion
Sa mélopée rhétorique déferle en mon être en ma chair
Virtuose symphonique des mots lancés de sa chaire
Le gemme pur de sa voix engloutit peu à peu ma raison
Déferlant en moi avec la puissante fougue de la déraison
Ô Sirène séraphique et enchanteresse
Ô Délicate et délicieuse Déesse
Mon être chavire sombre dans la houle de sa voix
Mon coeur vogue éperdu dans un tourbillon d'émois
Mon âmes s'abîme sur cet écueil d'une céleste Beauté
Aux tréfonds du jais de ses yeux somptueux de Déité!
Inconsciente de cette doucereuse mais souffreteuse brûlure
Ingnorante de ma secrète contemplation honteuse mais pure
Ses paroles se perdent soudain dans une muette exclamation
Non-dît qui me pénètre d'une foudroyante et sourde émotion
Silence aussi vibrant et ardent que la funeste mesure ultime
D'une mélopée lyrique attisant un ennivrement sublime
Et elle s'évanouit nonchalament comme asorbée par les Cieux
Et avec elle lentement se dérobent ces instants si précieux
Et je demeure là déchiré, auprès de tous mais si esseulé
Mon âme louant frénétiquement ces instants de voluptés
Mon coeur pleurant âprement sa Beauté ethérée et fuyante
Mon être souriant cependant à cette mélancolie si plaisante
Image: Jonathon Earl Bowser