Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
Archives
28 septembre 2007

Petite journal pour une belle... (suite)

Mardi 25 septembre

 

Belle inconnue,

 

Ces quelques jours, se sont succédés de mornes instants sans pouvoir t’apercevoir, sans pourvoir te contempler, sans pouvoir tenter de découvrir dans un regard ou dans un sourire, une étincelle infime  ou un murmure dérobé susceptible de me révéler l’impact de mes mots.

Et ce jour semble devoir invariablement poursuivre cette lignée du Destin. – Comme tu le vois, je commence à appréhender la notion de Destin et à envisager son existence au lieu de ne voir que aléas et hasard. Ma rationalité commence à défaillir, à lâchement battre en retraite face à la Passion...

 

Evidemment, ai je tenté de déceler quelques significations à ces “non-apparitions” quotidiennes. T’aurais je effrayée par mes mots? Ne serait ce là qu’une simple manoeuvre afin d’éviter une éventuelle tentative d’intrusion dans ta vie? Ou est ce simplement une succession de fâcheuses coïncidences?

Je ne le sais et ne le saurai sans nul doute jamais...

 

Aux instants suivants la remise de mes mots, avais-je songé que même si tu ne devais plus apparaître à nouveau dans ce RER, même si nos bribes de chemins d’existences communs devaient se scinder ici et maintenant, j’avais la certitude que désormais tu savais ce que je pouvais ressentir chaque fois où tu apparaissais et que cela suffisait...

J'avais tort.

Il m'est infiniment difficile d'imaginer que jamais plus je pourrai t'admirer à nouveau...

 

Mais, ce jour, contre toute attente, contre tout espoir, comme en réplique à cette dernière pensée, tu apparais.

Il me semble que le hasard – le Destin? -- prend un plaisir cruel à se jouer de moi...

Bel ange à la chevelure couleur d'aurore et au regard teinté d'une nuit éclatante, je te distingue quelques trop brefs instants entre deux personnes.

Tu es suivie d'un homme qui te cède l'unique place assise encore libre de ce wagon, en réel gentleman, tandis qu'il s'assure un semblant d'équilibre non loin de toi. Mais pour mon plus grand désarroi, je ne peux alors plus te contempler !

Soudain, l'homme s'incline vers toi et te lances quelques mots inaudibles dans le brouaha ambiant. Tu lui réponds – je devine la douceur cristalline de ta voix même si je ne peux l'entendre – et s'entame une brève conversation entre vous, entrecoupée de longs et lourds silences.

Une subite pointe de jalousie jaillit en moi. J'envie cet homme pour avoir tenté et réussi ce que je n'ai jamais eu le courage d'entreprendre: simplement te parler! Mais j'en viens à le hair pour sa tentative de séduction quoiqu'a priori, au vue de tes réaction, vouée à l'échec. (à mon grand contentement?)

Et je l'étudie, un sombre éclat vindicatif dans le regard que je peine à dissimuler (mais le cherche-je réellement?)

Il est grand et mince, les cheveux courts bruns. Il est vêtu d'un costume sombre à la coupe semblant irréprochable.Il se tient de dos, une sacoche de cuir noir fermement enjôlée entre ses jambes, je parviens parfois à apercevoir son profil. Il a certainement les yeux bruns et semble  – ma foi! -- avoir un certain charme sans pour autant être objectivement bel homme (mais suis je le mieux à même de juger cela?)

 

Et les station s'enchaînent et peu à peu la foule se dissout.

Je peux enfin distinguer ta beauté, mais ta posture m'interdit de contempler ton regard. Qu'importe! Je me perds allégrement dans l'adoration de la tendre courbe de ta pommette, la ligne délicieuse de ta mâchoire débouchant sur ton menton, le rosé de la commissure de tes lèvres, l'arrête délicate de ton nez, l'angle éfilé de ton sourcil...

 

 

A l'approche de ta station de destination, tu te lèves lentement, tu adresses quelques derniers mots à l'homme brun toujours debout auprès de toi.

 

Et, subitement, vos lèvres se joignent brièvement...

 

Je reste supéfait, ébahi...

Rien dans vos comportements respectifs ne pouvait me préparer à cette issue.

Ainsi est ce lui, celui qui partage ta vie, celui dont j'avais soupçonné l'existence longtemps auparavant !

Je détourne le regard, quelque peu désabusé. Je te vois disparaître dans les couloirs de Charles de Gaule-Etoile de ton pas rapide au travers ddu verre maculé.

 

Effectivement avais je eu quelques doutes...

J'avais distinguer ces bagues que tu portais invariablement chaque jour. Tout autre bijou muait au rythme des journées ou de tes humeurs, mais jamais ces deux bagues. Et il n'est que les gages d'amour que l'on prend soin de passer rituellement chaque matin, pour garder l'être aimé auprès de soi lorsqu'il est au loin.

Puis, je ne pouvais raisonnablement concevoir qu'une jeune femme d'une telle beauté puisse être seule... Mais c'était là d'avantage une impression qu'une réelle déduction.

 

Mais mon esprit sceptique, virevoltant parfois aux confinement d'une légère paranoia, me dicte une interprétation de ce baiser: ne se pourrait il pas qu'il s'agisse là d'une sorte de  mise en scène, un affichage public délibéré de votre amour, destiné à me signifier un message : « Je suis en couple, je suis heureuse, alors cessez de m'importuner! »

 

Je souris.

Quel raisonnement absurde! Ma Raison est leurrée par ma colère, par madéception. Je ne pensais guère être sujet à une telle bassesse. Mais je suis Homme, tributaire des pulsions d'un cerveau reptilienjugulé mais non annihilé depuis quelques milliard d'année.

Colère, déception, certes, mais non à ton encontre, ni à son encontre, mais contre la fatalité, les affres de l'existence qui confirment brutalement, parfois douloureusement, ces doutes, qui nous obscurcissent le coeur et dont on espère  -- consciemment en vain – qu'ils ne se vérifient jamais.

Il est certes des vérités plus blessantes, plus abominables que celle ci, mais il n'en est pas moins que la colère et la déception, quoi qu'à un degrés somme toute infime à l'échelle d'une Vie, sont présents aux tréfonds de mon âme...

 

Ah! Je me hais bien d'avantage que je ne pourrais le hair lui!

D'ailleurs le hais je vraiment?

Etrangement, mon resentiment à son égard était il bien plus grand lorsqu'il me semblait qu'il tentait de te séduire (puisque rien ne pouvait alors me révéler que vous étiez tous deux en couple) que depuis que je connais ce lien qui vous unit. Je ne ressens pas de réel jalousie non plus, peut être tout de même une once d'envie et essentiellement un espérance : puisse t'il avoir conscience de sa chance d'être uni à un jeune femme telle que toi!

Certes, je ne connais réellement de toi que quelques goûts littéraires et ta beauté, mais je ne doute aucunement que ton âme et ton être aient le même éclat. Shakespeare écrivait : « les yeux sont les fenêtres de l'âme ». Et ce que j'ai pu déceler au plus profond de ton regard est magnifique.

 

Ah! Je me hais d'avoir imaginé un tel machiavélisme sournois en toi. Je ne peux te penser capable de telles manipulations et manigances. Pourquoi mettre en scène ce baiser , alors qu'il aurait été bien moins complexe d'éviter ma présence? Étatn donné la teneur, brièveté et les conditions de nos « rencontres » (terme bien mal adapté) , il était plus aisé d'agir en sorte qu'elles ne surviennent plus. Un RER reste bien assez vaste pour cela!

 

Ceci étant, peut être n'es tu pas mécontente que j'ai surpris ce baiser ( encore que ne suis je pas même certin que tu m'es remarqué dans ce RER). Cela évite toute explication, toute mise au point, toute confrontation avec un inconnu dont tu ne peux prévoir  les réactions.

Je le comprendrais. Moi même ai je préféré contourner une confrontation directe par une lettre.

Mais si ton attente est que je cesse définitivement de t'importuner, je suis au regret de devoir t'avouer qu'elle sera qu'à demie réalisée. Je ne peux délibéremment me contraindre à ne plus t'admirer dès que la possibilité se présente. Ceci est hors de mes forces. Contempler ta beauté sera l'unique plaisirqui demeurera en ta présence, comment pourrais je m'en priver intentionnellement?

Sache, en revanche, que jamais  je ne t'importunerai par une parole (sauf politesse ou courtoisie de rigueur) ni par mes écrits dorénavant. Mais cette décision, l'avais je prise au lendemain de ma lettre, bien avant ce baiser, mon dessein  n'étant pas de te harceler mais que tu saches. Toi seule peut décider de réagir ou non, ce quelque soit ta réaction. Je ne peux, par un comportement, une parole, un écrit, t'imposer de choisir, de décider. Tu demeure bien évidemment libre d'agir ou non.

 

Etrangement, je n'ai guère la sensation que mes chances de toute réponse se soient amoindries avec cet événement. Que peut il exister de plus faible  que des chances « inexistantes »?

Il n'est que dans les drames de Hugo qu'une Etoile peut porter un quelconque intérêt à un vers-de-terre...

Publicité
Commentaires
B
C'est très beau, le romantisme me semblait disparu, je vois que non. Merci
"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité