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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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9 juin 2006

La consoler...

1350




Elle est là face à moi. Je la contemple, j’écoute sa douce voix.

Ces mots sont tremblants, son regard se voile d’un sanglot qu’elle tente de contenir. Elle y parvient au terme d’une lutte acharnée. Je sens son désarroi, je le soupçonne dans cette infime larme qui apparaît dans un scintillement au coin de sa paupière et qui pourtant ne s’écoulera pas. Je le sais... Elle résistera. Elle restera digne. Elle est étrangement à la fois si fragile et si forte.

J’aimerais tant me saisir en une caresse de sa main fine, j’aimerais tant la réconforter d’une étreinte chaleureuse mais non intime, d'un enlacement affectueux mais non amoureux.

Mais je ne le peux... Je ne l’ose...
Car je crains que le moindre contact, le moindre effleurement n’abatte toute cette constance qu’elle a pu élever afin de ne pas défaillir.
Car je crains qu'elle n’accepte pas un tel geste de ma part. Car je ne suis rien qu’un collègue, une personne à qui l’on ressent parfois le besoin d’avouer ses maux lorsqu’ils sont insoutenables mais dont on attend, presque égoïstement, rien de plus qu’une écoute, un monologue davantage qu'un échange, un exutoire parfois libérateur.
J’imagine que je ne suis que cela à ses yeux. Je pourrais pourtant offrir tant, si elle le désirait...

Sa voix vibre, ses lèvres frissonnent. Ses yeux ont cet éclat si intense, si profond, qui exalte leur teinte de nuit. Contempler sa beauté est un ravissement indéfinissable, m’enivrer de son charme est un absolu plaisir. Mais ressentir sa détresse est une ardente affliction, éprouver son trouble est une infinie torture.

La mélodie de ses mots s’étiole peu à peu. Le silence déferle pesamment sur nous, nous cerne de ses non-dits, de ses sens dérobés, nous pénètre d'un flot de songes inavoués.

Je ne sais que dire.

J’aimerais avoir la bonne parole, celle qui la consolera, qui lui apportera tout le réconfort qu’elle mérite. J’aimerais prononcer ce phrasé qui saura la libérer du poids de cette soudaine tristesse, qu’elle porte si fébrilement, si courageusement, à bout de bras.

Pourtant, je reste muet...

Amèrement, je sais, peu importe la caresse de mes mots, peu importe le réconfort de mes gestes, que je ne pourrai l’aider.
Ce n’est pas mon rôle.
Quelqu’un d’autre saura effacer son désarroi bien mieux que je n’en aurai jamais été capable. Elle s’abandonnera auprès de lui, au creux de ses bras, langoureusement elacée. Peut être laissera t’elle percer ces sanglots, qu’elle retient, encore pour le moment, au coin de ses yeux, qu’elle emprisonne péniblement au creux de sa gorge, qu'elle étouffe, d'un souffle, au coin de ses lèvres.

Et  j’espère, du plus profond de mon âme, de mon être, qu’il réussira à l’apaiser. Car je n’aime pas la savoir ainsi. Car peu m’importe qui parviendra à l’égayer, tant que cette étincelle de tristesse quitte son doux visage.

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"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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