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"Mon dévidoir de l'âme"
"Mon dévidoir de l'âme"
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25 juillet 2006

Petite anecdote sans intérêt... Sauf peut être pour Darth...

Devant moi s’ouvre, lentement et difficilement, dans une plaintes aigue et stridente, l’épaisse double porte métallique de cet ascenseur malmené par les chaleurs infernales accentuées par cette baie vitrée, certes esthétique mais à l’utilité plus que douteuse et aux inconvénients plus que rédhibitoires. Je la découvre, patientant face à la porte close de mon bureau, les amples manches de sa robe d’avocate, d’un effet si théâtral lors de plaidoiries, retroussées jusqu’au haut de ses bras à la peau halé et délicate, une rosée de sueur perlant sur son visage à la moindre parcelle de sa chair que je puisse percevoir.

Elle m’accueille dans un sourire poli et plaisant. J’étire mes lèvres dans un semblant de réponse, toute aussi muette, tentant d’octroyer à cette maladroite et timide grimace tout autant de charme, ce à quoi je parviens évidemment pas. Mais peu importe n’est ce pas le geste qui compte?

Je la précède dans ce large bureau, m’effacant devant elle, afin de la laisser pénétrer au sein de cette atmosphère si fraîche, grâce au prodige des systèmes de climatisation et au génie de cet architecte qui a songé à en équiper ce palais de justice.

Je lui murmure: “ Vous devez avoir horriblement chaud avec cette robe!” Elle acquiesce dans un large sourire, peut être quelque peu amusée par cette soudaine remarque.

Ensuite vient sa requête: une recherche de dossier auprès d’une chambre civile du tribunal.

Elle dégrafe d’un geste sa robe de plaideur, au tissu, noir et plissé, si épais qu'en ces temps de fournaise caniculaire, son port doit être des plus dérangeant et insupportables. Je distingue, discrètement, une fine robe aux teintes émeraudes, surmontée de larges bretelles descendant en un déliceux décolleté jusqu'à la naissance.

Entre deux saisies dans ma recherche sur mon PC, je parcours discrètement son doux visage, cerné de boucles ensoleillées, aux pommettes relevées d'un soupçon de bronze - effet vertueux de cette chaleur estivale -, au regard ocre stellé d'or et aux exquises et gracieuses lèvres rosées, ne se séparant pas de ce sourire, empli d'une respectueuse déférence si séduisant.

Mais la séduction n'est-elle pas un secret de Polichinelle dans sa profession? N'est-il pas utile de quelque peu chatoyer greffiers, magistrats ou officiers de police ou gendarmerie, afin de pouvoir obtenir telle ou telle faveur, dans telle ou telle affaire, le moment venu?

Mon regard s'abandonne dans une caresse éthérée de sa silhouette, lorsque j'aperçois ce que je n'avais pu voir sous sa robe d'avocate scellée.

Et je prends conscience que ma remarque était bien éloignée de la vérité...

Des courbes voluptueuses gonflent le tissu de sa robe dans cette enivrante rondeur propre à la natalité prochaine.

Je souris à la stupidité de mes mots.

Et j'aimerais l'interroger sur l'état de cette grossesse, sur ses sensations et ressentis, sur le choix du prénom, sur la connaissance ou non du sexe... J'aimerais, audacieux presque impudent, m'enquérir révérencieusement, son assentiment, pour... toucher... Caresser de mes doigts malhabiles, confus, ce ventre gorgé de vie, sous l'infime tissu. Peut être sentir les mouvements perceptibles qu'il ou elle esquisserait sans doute en riposte face à cette intrusion hasardeuse de cet inconnu dans leur sphère familiale.

Mais silence...

Je ne dis mot...

Ne serait ce pas là un questionnement et une requête quelque peu indécents et incorrects?

Al'évidence...

Recherche terminée et infructueuse...

Elle me prie respéctueusement de bien vouloir l'excuser pour ce dérangement. Je réponds dans un sourire qu'il n'en est rien. Aux tréfonds de mon esprit, mes paroles vont plus loin: « c'était un réel plaisir. Il n'est pas offert tous les jours de pouvoir rencontrer une jeune femme aussi charmante et sublime... » Mais, encore une fois, je me tais. Il en est mieux ainsi...

La regardant disparaître dans l'embrasure de la porte, une pensée furtive m'envahit: elle est belle, elle est avocate, elle est enceinte... Elle a, selon moi, tout ce qu'une personne puisse désirer pour être heureuse.

Mais est  elle seulement heureuse?

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"Mon dévidoir de l'âme"
  • Coucher mes pensées sur un écran vierge est comme un exutoire. Y dévercer mon flot de songes et de reflexions, y étaler la nudité de mon âme sans artifice, voilà la raison d'être de ce blog...
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